vendredi 14 mars 2014

Ceux qui voulaient être heureux

     A l’instant où j’écris ces lignes, nous nous trouvons tout en haut d’une colline qui domine l’océan, au fin fond de la pointe sud du Panama, dans la province de Los Santos. C’est la campagne, la vraie de vraie, avec son premier semblant de village à 45 minutes de marche sous un soleil de plomb. Résidant dans le petit hôtel Kambutaleko tenu par un couple basque franco-espagnol (rencontré il y a 10 ans au Mexique! ils m’avaient pris en stop à l’époque, que le monde est petit…), nous sommes dans un véritable jardin d’Eden. Tous nos sens sont en éveil : des fleurs et plantes de toutes sortes nous entourent, nous nous réveillons avec le chant de dizaines d’oiseaux différents mêlé au rutilement des vagues se brisant le long de la côte en contrebas, le léger vent matinal nous caresse la peau et fait entrer l’air frais et pur, garant d’une magnifique nouvelle journée. Partout du bleu profond, les dégradés entre la mer et le ciel se mélangeant de manière indéfinie.*
C’est magnifique. L’ambiance est contagieuse et nous nous sentons parfaitement sereins. Comment ne pas l’être au sein de tant d’harmonie!




     Esther et Jon, les propriétaires, sont arrivés il y a 8 ans, après avoir voyagé un peu partout et décidé de plaquer appartement et vie rangée pour tenter l’aventure ici. A l’époque, il n’y avait rien, et partis de rien ils ont réalisé leur rêve. Et quel résultat! Un authentique havre de paix, leur permettant de vivre toute l’année dans un cadre idyllique –ils ont depuis eu une petite fille- et ils semblent très, très heureux. Tout n’a pas été facile, ils ont dû faire preuve de patience et affronter les aléas du pays, mais leur persévérance a payé. Les mauvaises langues restées en Europe les prirent au début pour des hippies (ils ont certes vécu 2 ans sans électricité!), mais quand on voit le résultat, leur qualité de vie et la valeur qu’a pris leur hôtel (de riches américains ont investi dans le coin faisant ainsi grimper le prix des terrains), je crois qu’ils ont plutôt bien réussi.
Ce couple est une belle source d’inspiration, une incitation à suivre ses rêves, faire ce que l’on aime sans jamais abandonner pour mener sa vie en accord avec ses valeurs et réussir tout en restant heureux. C’est donc possible... Cela nous encourage à continuer sur cette voie et j’espère qu’un jour aussi, nous pourrons fonder notre propre coin de paradis.



     En attendant, nous profitons de celui-ci, dont les vagues en sont également dignes. Il nous faut beaucoup marcher et faire du stop pour aller surfer, mais cela en vaut mille fois le coup. La côte regorge de spots et nous ne sommes à chaque fois qu’une poignée de surfeurs à se partager le festin. Nous avons d’ailleurs rencontré une américaine et couple d’Hossegor bien sympas, et l’un des quelques surfeurs locaux et champion de surf, Gonzalo Gonzalez (non, ceci n’est pas une blague) est une crème de gentillesse. Toujours le sourire aux lèvres, il est le premier à offrir une place dans sa voiture pour aller surfer ou à donner des conseils sur les spots alentours. Comme quoi, le localisme violent ou l’ouverture face aux touristes est bel et bien un choix.


     Nous avons aussi eu des sessions à deux voire tout seul à enchainer de longues vagues de reef ou de beachbreak, le matin ou au coucher du soleil, dans un cadre sauvage époustouflant de beauté… eh oui, cela existe encore! Du pur bonheur.






    Enfin, cerise sur le gâteau, il y a des singes partout ; qu’il s’agisse des effrayants hurleurs ou des acrobates araignées, c’est un régal à observer. On se sent complètement dépaysés. Sans parler des iguanes, des geckos, des écureuils, des vaches et chevaux qu’il faut éviter sur la route ou des poissons énormes que nous voyons en surfant, la faune est très diverse et libre ici. Quelle richesse.




     Le paradoxe, c’est que malgré la présence d’une luxuriante végétation, on ne trouve pas de fruits à acheter à moins d’1h de route, dans la ville la plus proche. Pareil pour manger, le choix est limité à deux mini-restaurants locaux riz/poisson/poulet ou un hôtel de luxe avec piscine dont le menu ne dépasse pas trois plats possibles mais dont le prix est en revanche trois fois plus élevé! Bien sûr chacun se situe à un bon quart d’heure de marche, sans compter l’ultime montée fatale pour retrouver notre chambre sur les hauteurs de la plage. Les rares actions de notre journée se transforment donc en véritables expéditions… Et en bons chauvins, commencent aussi à sérieusement nous manquer le bon pain français, le fromage, le vin, les chocolatines… et toutes ces bonnes choses qu’on consomme au quotidien sans même y penser.

     Alors voilà, notre voyage continue, un peu plus éprouvant à cause de la forte chaleur et des longues marches au soleil, et bien plus coupé du monde ces jours-ci, mais d’autant plus excitant pour ces mêmes raisons.
     Nous sommes toujours très heureux, c’en est presque louche. Nous réalisons à quel point nous avons de la chance concernant les vagues depuis le début du voyage, et essayons de savourer ce bonheur le plus possible, en espérant qu’il dure.




     Etre heureux et le rester faisant partie de nos questionnements actuels, je voulais partager un passage que j’ai lu récemment** ayant pour but d’augmenter son degré de bonheur ou du moins le préserver (eh oui, le retour est dans moins d’un mois déjà et on essaye de s’y préparer comme on peut!).
     Voici donc des questions que l’on peut se poser le matin et le soir au coucher, afin de rendre notre pensée plus positive et se rappeler de la partie pleine du verre (personnellement j’ai tendance à faire l’inverse et ruminer les quelques trucs qui ne vont pas, au lieu d’apprécier tout le reste… quoique depuis quelques mois, bizarrement, ça va mieux).

NB. Si votre réponse à cette série de questions est « rien », je vous conseille d’aller voir un psy au plus vite!

Le matin :
Qu’est-ce qui me rend heureux en ce moment ?
Qu’est-ce qui me stimule, me passionne ?
De quoi suis-je fier ?
De quoi suis-je reconnaissant ?
A l’heure actuelle, qu’est-ce que j’aime le plus dans ma vie ?
Quels engagements dois-je respecter en ce moment ?
Qui est-ce que j’aime ? Qui est-ce qui m’aime ?

Le soir :
Qu’est ce que j’ai donné aujourd’hui ?
Qu’est ce que j’ai appris aujourd’hui ?
Comment la journée d’aujourd’hui a contribué à améliorer la qualité de ma vie ou comment puis-je l’utiliser à l’avenir pour améliorer la qualité de ma vie (ou celle d’autrui) ?

     Apparemment, se poser ces questions au quotidien rend plus heureux et contribue à apprécier ce que l’on a. On verra bien… mais je trouve le concept intéressant.

     Ce que j’en dis, c’est que faire ce que l’on aime le plus souvent possible rend indéniablement plus heureux, et que le jour où je me suis débarrassé de la peur du futur et de l’insécurité, ma vie a changé. Quitter mon travail à Bruxelles et cesser de vivre une vie que je pensais nécessaire car en norme de la société pour enfin (re)faire ce que j’aime – surfer, voyager, lire et écrire - a été la meilleure décision de mon existence. J’ai l’impression qu’à partir du moment où j’ai choisi de prendre le risque de le faire, la vie n’a cessé d’être généreuse et la chance a toujours été de notre côté. Tout s’est parfaitement enchainé, ainsi que pour Mickaël (qui n’a, somme toute, jamais cessé de faire ce qu’il aime!). En espérant qu’on puisse continuer ainsi encore longtemps, et que le retour en France se fasse en douceur… Mais enfin, tant qu’il y a des macarons PAUL à l’aéroport de Roissy, ça devrait aller!


* Certes, les descriptions se ressemblent de post en post, mais on ne peut pas changer le décor!

** A. Robbins, L’Eveil de Votre Puissance Intérieure : trèèès américain et rébarbatif, un auteur irritant au possible (dents-blanches-sourire-parfait-millionnaire-car-j’ai-tant-travaillé-et-je-vis-mon-rêve-vous-n’avez-qu’à-faire-comme-moi) mais certaines idées sont enrichissantes... 800p à lire idéalement si vous êtes coincés dans un bled paumé ou une île déserte / au chômage / en dépression / un obèse américain inculte et intellectuellement déficient coincé dans son canap’ à manger des chips et des pizzas (c’est à eux qu’il semble s’adresser en premier lieu – forcément en comparaison on se sent tout de suite très intelligent et très accompli, c’est peut-être ça le secret du livre!)


















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