Quelques nouvelles depuis notre départ et pour ce premier billet. On
n’a encore jamais tenu de blog mais on va faire au mieux et essayer d’envoyer
des news régulièrement, au cas où ça en motiverait certains à nous
rejoindre ! A priori, ce sera moi (Océane) à la plume et Mike à la photo.
Et il y a de quoi photographier ! Les Dieux étaient avec nous sur
ce coup là car notre première semaine coïncide avec le début d’une houle
parfaite et assez rare à cette époque ; les vagues sont juste magiques !!!
Après un voyage long de 3 jours, dont une escale à New York (en fauteuil
roulant, beaucoup moins pénible pour le coup), une nuit à San José au Costa
Rica, et la journée du lendemain dans un bus pour la frontière et traverser une
partie du Nicaragua, nous sommes finalement arrivés à Popoyo, un village en
front de mer offrant des possibilités de surf très prometteuses.
Nous avons posé nos bagages dans un petit « hôtel » familial,
un peu limite côté confort (une salle de bain commune à tous avec parfois de
l’eau, pas de moustiquaire mais bien des moustiques et autres insectes non
identifiés, des murs en plâtre qui s’effritent et un toit en tôle qui vacille à
chaque poussée de vent) mais vraiment pas cher. Chaque matin nous nous promettons
d’en changer, en vain, les deux autres hôtels convoités sont complets et
réservés jusqu’au nouvel an.
Cela dit dans notre inconfort nous sommes royalement installés, l’hôtel
étant le plus proche du spot de surf, coincé entre une petite lagune et un
ruisseau qui coule le long du grand salon ouvert dans lequel nous prenons nos
repas, qui plus est orné de peintures locales très colorées et de hamacs,
fauteuils à bascule, canapés, tables… le grand luxe ! Déguster des fruits exotiques
et des pancakes à la banane au bord de l’eau, rafraîchis par une petite brise
matinale et entourés d’oiseaux sauvages n’est pas du plus désagréable.
Le Nicaragua s’est beaucoup développé ces dix dernières années mais
quelle joie de voir que cela reste encore très modeste. Le décor nous rappelle
parfois la côte du Michoacán au Mexique. La nature est partout et luxuriante,
la plage est bordée de petites dunes et collines d’où surplombe une végétation
dense d’un vert profond. On trouve le long de la route caillouteuse prenant fin
à l’embouchure de la rivière du village, quelques maisons ou hôtels en
construction, des habitations locales et une poignée de restaurants, mais les
touristes (en majorité français en ce moment) restent encore peu nombreux et
internet est difficile d’accès. Au final nous avons bien l’impression d’être
perdus au fin fond de l’Amérique Centrale et c’est exactement ce que nous
voulions. Enfin, pas si perdus car j’ai retrouvé par hasard un Belge que
j’avais rencontré lors de mon premier voyage au Costa Rica il y a treize ans !
D'ailleurs, à une petite heure de marche, la plage suivante est envahie par de
riches américains ayant fait construire des maisons secondaires colossales.
Mais enfin, nous ne les voyons pas.
Les gens que nous croisons sont gentils et avenants ; les chiens,
les vieux et les enfants se prélassent dans un hamac ou à même le sol le temps
d’une (longue) sieste, la vie est douce. Quel bonheur d’être enfin là où rien ne
presse.
Notre seul souci est de savoir où et quand surfer, et comme je disais plus
tôt, nous n’avons pas été déçus pour l’instant. Des vagues solides et
régulières (apparemment les meilleures depuis des semaines), de l’eau chaude,
un vent de terre toute la journée et pas trop de monde - parfois 3 à l’eau. Ici
encore, j’ai l’avantage d’être une fille car mes meilleures vagues m’ont été
offertes par des locaux, qui souvent m’encouragent si je rame sur une bombe.
C’est clair qu’on n’est plus en France !
Mickaël est content lui aussi, outre des reefs de gauches et droites
parfaites, nous avons trouvé à quelques kilomètres plusieurs beachbreaks de fou
où enchaîner les tubes (enfin pour lui, moi c’est pas gagné ; un des spots
est « carré comme à Pascuales » -géniaaal-, les personnes concernées
comprendront).
J’avais oublié à quel point la vie est belle quand on surfe des vagues
magiques comme celles de ces jours-ci. Je n’aurais pas dû retourner à l’eau
aussi vite et vais devoir rester au repos de nouveau, mais pas une seconde je
regrette ces sessions, du pur bonheur !
Alors voilà, nous sommes là, fatigués et heureux, et nous commençons à
réaliser la chance que nous avons que notre vie à venir durant les quatre
prochains mois sera exactement comme ça, riche et composée de juste
l’essentiel : l’océan, la nature, des sourires, de la chaleur humaine, des
rencontres, des livres, de la sérénité. C’est marrant comme tout cela reste
très vague quand on est encore chez soi, on peut savourer son départ et
imaginer ce que l’on va trouver, mais ces pensées sont en fait bien fades en
comparaison de la réalité, dans laquelle nous sentons et percevons les choses
pleinement. La caresse du soleil sur sa
peau, la douceur de l’eau qui nous frôle lorsque nous ramons, la fraîcheur du
premier canard, le clapot des gouttes d’eau qui retombent derrière chaque
vague, le bruit du vent qui agite les feuilles des hauts manguiers, les milles
nuances de rose du soleil qui se couche, la fatigue extrême ressentie après une
grosse journée de surf et de chaleur. On entend aussi le perroquet de la maison
qui, d’un rire hystérique, imite la proprio et salue à tout va, de la bachata, du
reggaeton ou des vieux tubes latinos en fond sonore à plein volume du matin au
soir, les cris des enfants ou de mecs un peu pompettes se poussant pour entrer
à dix dans un camion... C’est plein de vie. C’est super. Bien sûr ces petits
moments d’humanité et de bonheur existent aussi chez nous, mais il semble que
quand le ciel est gris, que l’hiver nous force à rester enfermé et enlève le
sourire du visage des gens, c’est tellement plus compliqué de se souvenir de la
beauté de la vie.
C’est ce que nous avons enfin retrouvé ici !
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